Nous avons pu prendre le volant de la Jaguar i-Pace, le premier véhicule 100 % électrique de la marque. Ce SUV est l’un des tous premiers de son genre.Ces prochaines années, tous les constructeurs haut de gamme vont lancer des modèles équivalents, dans le sillage de Tesla et son Model X. Objectif : répondre à la demande chinoise et faire baisser les émissions polluantes des gammes luxueuses.
Dessiné par Ian Callum, l’emblématique responsable du style Jaguar, le i-Pace adopte un style très personnel : le capot est très court et l’empattement très long, un choix qui n’aurait pas été possible avec un moteur conventionnel.En revanche, il était nécessaire de réaliser un véhicule plus haut pour loger les batteries placées sous le plancher, entre les roues. Avec 4,68 m de long, l’engin offre un gabarit équivalent à celui d’un Audi Q5 ou un BMW X3. Inhabituel, son style n’en est pas moins harmonieux.
Le i-Pace a été conçu dès le départ pour la motorisation électrique : aucune version à moteur conventionnel n’est prévue. Il embarque une batterie de très forte capacité (90 kWh) et deux moteurs électriques, un à l’avant un à l’arrière. Au total, il développe une puissance de 294 kW soit l’équivalent de 400 ch transmis aux quatre roues.
Jaguar n’a pas lésiné sur les technologies pour sa nouveauté. La structure est à 94 % en aluminium et l’électronique peut faire varier la puissance sur chaque train roulant en fonction de l’adhérence de la route. Il bénéficie naturellement de toutes les aides à la conduite les plus modernes, y compris la conduite semi-autonome. Indispensable pour contrer Tesla.
Au volant, on est impressionné par les accélérations immédiates procurées par les moteurs électriques. Le 0 à 100 km/h est abattu en 4,8 secondes. L’absence de bruit moteur doit inciter à la prudence : des vitesses élevées sont atteintes avec une très grande facilité. Sur autoroute allemande où nous avons pu le tester, ce modèle atteint une vitesse de pointe supérieure à 200 km/h, ce qui est beaucoup pour ce type de motorisation.
Contrairement à Tesla, Jaguar possède une grande expérience en matière de fabrication automobile. Cela se ressent dans l’habitacle, où l’ergonomie très simple permet de prendre immédiatement en main l’auto. La qualité de finition est également très supérieure à ce que propose le constructeur américain. L’ambiance est futuriste, mais pas trop : on a encore l’impression de conduire une automobile.
C’est encore un exploit pour un véhicule électrique : le i-Pace propose un volume de coffre généreux avec 656 litres à l’arrière et 27 litres dans le petit coffre avant. Pour autant, le seuil de chargement reste élevé, présence des batteries oblige. La banquette se rabat en plancher presque plat, ce qui est encore rare pour ce type d’auto.
Jaguar promet une habitabilité à l’arrière digne d’une limousine. Ce n’est vrai qu’en partie, car il n’est pas possible de glisser les pieds sous les sièges avant, tandis qu’un tunnel subsiste au milieu du plancher. Néanmoins, deux adultes peuvent s’installer très confortablement à l’arrière.
Malgré ses 2,2 tonnes et ses immenses roues, le Jaguar i-Pace fait preuve d’un remarquable compromis confort/ tenue de route. Les suspensions pneumatiques optionnelles proposent un réel moelleux tandis que le train avant se montre plutôt précis. En la matière, il fait aussi bien que les meilleurs SUV thermiques. Il ne faut cependant pas en attendre l’agilité d’une petite sportive : la masse est toujours bien présente.
Jaguar annonce une autonomie de 480 km en cycle WLTP. Cela en fait l’une des voitures électriques les mieux pourvues en la matière. Bien entendu, pour atteindre ce chiffre, il faut garder un œuf sous le pied et éviter les autoroutes. La recharge de 100 % de la batterie est réalisée en 12,9 heures sur une borne domestique de 7 KW. Ce délai tombe à 40 minutes sur une prise 100 kW, qui n’existe pas en France. Le temps des électriques sans fil à la patte n’est pas encore venu.
Sans surprise, le Jaguar i-Pace est un véhicule coûteux. Certes, il apparaît moins cher que son concurrent Telsa Model X et ne propose qu’un seul niveau de puissance et d’autonomie. Néanmoins les tarifs de la gamme s’échelonnent de 78 780 € pour la finition S d’entrée de gamme jusqu’à 102 570 € pour le modèle First Edition du lancement. Les options sont nombreuses.
La première Jaguar électrique ne révolutionne pas l’automobile : son autonomie permet de réaliser des trajets moyen mais pas d’envisager des grands trajets dans les mêmes conditions qu’une voiture thermique. Jaguar en est conscient puisqu’il propose à ses clients 8 semaines par an de location d’un F-Pace Diesel. Néanmoins, il s’agit d’un modèle très abouti, qui offre un niveau de polyvalence, de qualité de fabrication et de luxe inédits pour un modèle électrique.