Après ce sale début 2015 marqué par la haine de ce et ceux qu'on aime, remettons-nous (en tout bien tout honneur) avec 21 bonnes chansons de 2014. Je suis Charlie Hebdo, je suis athée, libertaire, français et je conchie les extrémistes de tout bord, voilà c'est dit.
2014
2015
Je vous parlais déjà des Allah Las pour mes voeux 2013. Les revoici pour 2015 avec un nouvel alboum en 2014 (oui ça peut paraitre un peu confus avec toutes ces dates dans le désordre mais en fait, c'est simple si tu relis la phrase lentement, tu devrais pouvoir comprendre mon brave monsieur Mononeurone).
Bref les Allah Lahs continuent leur petit tour de musique garage-surf-sixties. Le chanteur a la voix des Standells, la douze corde est pleine d'écho, les mélodies sont simples, les chansons sont courtes, c'est bien.
Originaire de Virginie et basé à la Nouvelle-Orléans, Benjamin Booker est un aficionado du vieux blues du sud des Etats-Unis. Il aimerait tomber dans une faille spatio-temporelle et se retrouver dans le Mississippi des années 30 pour rencontrer Robert Johnson et Blind Willie Johnson. Mais à 14 ans, il écoutait surtout du punk et ça s'entend. Le succès est arrivé très vite pour lui outre-atlantique et quelques semaines après la sortie de son alboum, il partage une tournée avec Jack White et est passé au Late Show de David Letterman. Mais ses parents voudraient qu'il soit militaire et ils ne sont jamais venus le voir jouer. Lui, il se verrait plutôt journaliste rock quand il en aura marre de composer et jouer sa musique.
Dedicated Nothing, c'est un groupe de Biarrots fan de surf. D'ailleurs, ils ont tiré leur nom de la classification des surfeurs de Malibu selon Miki Dora, icône rebelle de la Californie des 50’s, exilé sur la côte basque au milieu des années 70 : les kooks, les punks, les freaks et les dedicated nothing.
Mais leurs chansons n'ont rien de surf-music, ça tire plutôt du côté des Strokes ou des Arctic Monkeys, on ne leur en voudra donc pas.
Petite anecdote personnelle : j'ai découvert ce groupe de la région via mon ami Alex qui habite Montréal depuis de (trop) longues années.
Ces six angliches de Brixton sont complètement barrés. Hirsutes, sales, drogués, alcooliques, the Fat White Family sont l'émanation actuelle du rock le plus sauvage, malsain et dépravé qui soit. Et c'est une bonne nouvelle. "Champagne Holocaust" (un titre qui leur va comme un gant) est leur premier alboum, autoproduit et diffusé d'abord sur bandcamp avant de sortir au format CD et d'être distribué partout dans le monde. Leur chanteur est un véritable singe-hurleur qui s'agite sur scène tel un kangourou sous amphétamines (les autres ne valent guère mieux). Le groupe a été élu "Meilleur nouveau groupe anglais sur scène" au NME Radar Award. Pour bien comprendre, il faut voir leur prestation aux Eurockéennes (ça met un peu de temps à démarrer mais, une fois lancé, c'est parti.
Découverts sur scène cet été en première partie de Jim Jones Review, j'ai immédiatement accroché au rock énergique et mélodique de ces jeunes français originaires de Joinville-Le-Pont. Bien sûr, leurs tenues de scène et le fait que ce soit un trio fait tout de suite penser aux Jam mais leur musique est plus brutale et certainement plus inspirée par les Hives que par Paul Weller. Fuzzy Vox passe sa vie en tournée dans toute l'Europe et, normalement, si il y a une justice, le groupe devrait naturellement voir sa notoriété augmenter au fil des jours. Leur premier alboum "On Heat" est produit par Pelle Gunnerfeldt qui officie aussi derrière les potards pour les Hives. Adpetes du Do It Yourself, Fuzzy Vox s'occupe de tout : production et pressage des disques, réalisation des clips vidéo et organisation des tournées. Un groupe à suivre.
American Interior est le quatrième album solo du chanteur des Super Fury Animals.
Une légende raconte qu'un gallois aurait traversé l'atlantique quelques siècles avant Christophe Colomb et fondé une nouvelle nation galloise en se mêlant avec les tribus amérindiennes. En 1792, John Evans, un explorateur gallois part à la recherche des restes de cette civilisation et parcourt de long en large le nouveau-monde en gestation.
Gruff Rhys compose un concept album autours de cette quête de John Evans.
Mais pas que. Il est vraiment parti aux Etats-Unis et a suivi le chemin de l'explorateur du XVIIe, parfois accompagné du batteur des Flaming Lips. Il a aussi écrit un livre de 300 pages, fait un documentaire d'une heure et demi sur son périple, développé une application pour smartphones et fait une présentation power-point qu'il anime lui-même un peu partout autours du monde. Il est fou Gruff.
L'alboum démarre très bien mais après quelques titres agréables, ça s'enlise un peu dans une electro-pop parfois indigeste. "American Interior" vaut néanmoins le coup d'oreille !
Juan Wauters, c'est un peu le croisement improbable (et en sous-pull rouge) entre Jonathan Richman et le Bob Dylan du début des 60's.
En 2002, Juan quite son Uruguay natal pour rejoindre son père dans le Queens, New-York (je précise pour monsieur Mononeurone). Un peu isolé, il se plonge dans la musique quand il s'aperçoit que sa carte de bibliothèque lui permet aussi d'emprunter des disques. Ensuite, il arrive à se faire des amis puisqu'il devient chanteur du groupe The Beets avant d'entamer une carrière solo à base de pop-folk lo-fi minimaliste. C'est frais et c'est agréable à écouter.
En 1946, les américains font des essais atomiques sur l'île de Bikini. À proximité de l’atoll, ils ont placé des bateaux de guerre, volés aux japonais, sur lesquels sont entassés de nombreux animaux, histoire de voir ce que ça donne quand la bombe leur pète à la gueule. Les animaux, affublés de numéros impersonnels plutôt que de petits noms charmants, meurent tous plus ou moins vite (étonnant non ?) sauf... le cochon numéro 311 qui s'en sort indemne et mourra de sa belle mort quelques années plus tard.
En janvier 2014, alleluïa, c'est la résurrection de l'animal que le passage par les enfers a transformé en trio de rock garage: Le Cochon 311 du Hell's Fire Club reprend des chansons des Stooges, des Sonics ou du Spencer Davies Group mais il compose aussi ses propres tubes.
On ne présente plus Lonely LoeB au public de regaloeb.com !
Après plus de quinze ans d'absence, Lonely LoeB est revenu à la vie en 2012 grâce au logiciel Garageband, ses petits doigts et sa si belle voix (hum). Quand le Cochon 311, la Bastide et le world wide web lui laisse du temps libre, il continue tranquillement son comeback tant attendu par ses nombreux fans.
Want Me Back, composé en 1998, a été réenregistrée en 2014. Notez le chouette son de fuzz tremolo garageband à partir du solo de guitare et les riches harmonies vocales à partir du premier refrain. Quoi ? J'en fais trop ?
Mac DeMarco, canadien anglophone né en Colombie Britannique, a passé sa jeunesse à Edmonton (on sait pas où c'est et on s'en fout un peu, non ?) et Vancouver (ne te découvre pas d'un pull-over), est passé par Montréal avant d'atterrir à Brooklyn. "Salad Days" est déjà son troisième alboum. Son vrai nom est Vernor Winfield McBriare Smith IV, si si, c'est écrit sur telerama.fr alors c'est certainement véridique. Mac Demarco est un rigolo qui n'hésite pas à se fourrer une baguette de batterie dans le fion sur scène pour faire rire le public. C'est aussi un bricolo qui joue sur de vieux instruments un peu rafistolés et enregistre dans un home-studio-home-made à peine plus grand qu'un placard à balais. Mais tout ceci ne l'empêche pas de pondre des chansons pops faussement foutraques vraiment bien gaulées aux accents Beach Boys (peut-être plus Dennis Wilson que Brian Wilson tout de même).
Nick Waterhouse est un jeune californien de Los Angeles fans de vieux Rythm'n'Blues et de pop sixties et ça s'entend (ses gouts musicaux, pas son origine géographique). "Holly", son deuxième alboum, est paru sur le label de Hanni El Khatib. Il a produit le premier disque des Allah Las. Il a des gouts vintage mais, finalement, il est bien de son temps et bien de Californie.
Allez, bouge ton corps sur "This Is A Game" !
On l'entend pratiquement dès la première note et à chaque note suivante : Parquet Courts est un groupe de rock Nouillorquais.
Pourtant, son noyau dur, les chanteurs-compositeurs, sont natifs du Texas et se sont rencontré là-bas, chez les ploucs. Parquet Courts sont des rapides. Leur premier alboum a été enregistré en trois jours et celui-ci, le second donc (oui monsieur Mononeurone, je te vois compter sur tes doigts), a été mis en boite en cinq. Cette urgence s'entend bien dans leur musique époumonée, bruitiste, directe et sans fioriture. Du bon rock de Brooklin, quoi.
Les Pixies ont sorti un nouvel album en 2014 (mais qui ne le sait pas ?).
Physiquement, c'est assez dur, la photo est là pour le prouver. Musicalement, c'est une agréable surprise sans être, évidemment, ni une révélation ni une claque dans la gueule.
Ce disque est composé de deux EP sortis précédemment (EP1 et EP2, bien vu ces noms) et de quelques nouveau morceaux. Kim Deal a quitté le groupe en 2013 et elle ne participe donc à aucun de ces titres. Mais le malin Franck Black Francis, moins connu sous son vrai nom Charles Michael Kittridge Thompson IV, a embauché un clone vocal (à défaut d'un clone entier). Entre "Trompe Le Monde" (1991) et "Indie Cindy", il s'est passé 23 ans. 1 bonne année d'implosion suivie de 10 ans de séparation (parsemés d'album du gros Francis de moins en moin écoutable), une reformation en 2003, 10 ans de tournée des festivals et de remplissage des poches suivis du départ de Kim Deal. Et vous, il s'est passé quoi depuis 23 ans ?
Trio psychédélico-poppy-indie de Boston, Quilt s'est formé en 2008 après qu'une guitariste-chanteuse ai rencontré un guitariste-chanteur lors de session de boeufs. L'année suivante, il sont rejoints pas un batteur et voilà.
Avec des chansons aux mélodies à deux voix plutôt gentilles et des arrangements classiques mais néanmoins parfois inventifs, "Held In Splendor", deuxième alboum du groupe, est agréable aux tympans qui aiment la douceur du miel.
Royal Blood, c'est la révélation anglaise de la semaine du 13 février 2014, la révélation de la semaine du 6 septembre 2014 et peut-être même la révélation de la semaine du 14 octobre.
Royal Blood, c'est un duo basse-batterie, rien de plus. Sauf peut-être une voix pour midinette et des compositions à base de riffs bien lourds et d'envolées pompières parfois agaçantes, il faut bien l'avouer.
Le bassiste branche son outil sur au moins 3 amplis (deux amplis guitare et un ampli basse) et une série de pédales d'effet dont il veut garder le secret, petit cachotier qui estime que son succès est dû à ces réglages qui ont nécessités des heures et des heures d'essais et qui font sonner ses 4 cordes comme 1 basse et 2 guitares saturées.
Le batteur cogne dur comme il se doit pour suivre le mouvement.
Les deux Brightoniens sont fans des Queens Of The Stone Age, de Dave Grohl et de Led Zeppelin (on s'en rend compte aisément à l'écoute) mais c'est le batteur des Arctic Monkeys qui les tire de l'anonymat en arborant un t-shirt Royal Blood lors du concert d'Alex Turner et ses singes cet été 2013 à Glastonbury. Depuis, le duo bruyant a également été adoubé par Jimmy Page et Dave Grohl, la consécration.
J'ai personnellement un peu de mal à écouter le disque en entier, je suis assez rapidement gavé par ces mélodies un peu pompeuses à la Muse et ces riffs hard-rockeux mais je dois reconnaitre qu'ils ont quand même kekchose ces deux gars qu'on croirait qu'ils sont quatre (même sur la photo).
Temples, c'est la révélation anglaise de la semaine du 5 février 2014, date de sortie de leur premier alboum "Sun Structures".
Beaucoup moins bourrin que le duo précédent, révélation anglaise de la semaine suivante, Temples nous sert une pop néo-psychédélique largement inspirée par ses grands frères (et collègues de label) Toy, eux-même influencés par les grands frères de l'autre bout du monde, Tame Impala, initiateurs de ce "nouveau" style qui inspirera jusqu'au fils Lennon (à entendre plus bas). Temples sonnent un peu plus sixties que les autres, sans doute grâce aux mélodies et à la douze cordes souvent présente et, bien sûr, pour mes oreilles, c'est un avantage ! Noel Gallagher et Johnny Marr ont qualifié Temples de "meilleur nouveau groupe au Royaume-Uni". Bon c'était en 2013 mais ça vaut toujours aujourd'hui en 2014 et demain en 2015 (oui, nous sommes encore l'année dernière lorsque j'écris ces lignes).
Au départ, Temples, ce sont deux potes qui lancent pendant l'été 2012 un projet home-studio. Les premiers résultats sont remarqués sur youtube par le label Heavenly Recordings qui propose de produire un single. Pour pouvoir faire des concerts, les deux amis embauchent un bassiste et un clavier/guitare originaire de la même ville (c'est plus pratique pour répéter) et après une tournée des festivals en Europe et des premières parties plus ou moins prestigieuses (Kasabian par exemple), l'alboum "Sun Structures", enregistré en home-studio, permet à Temples d'être le groupe de la semaine du 5 février 2014.
The Ghost Of A Saber Tooth Tiger, qu'on peut également appeler GOASTT pour aller plus vite, c'est Sean Lennon, le fils de, et sa copine Charlotte Kemp Muhl, tout deux multi-instrumentistes. Ils ont créé ce duo en 2008 pour, je cite, "passer plus de temps ensemble", c'est mignon. Sean compare leur collaboration avec celle de son père et Paul, c'est mignon. Le résultat n'est évidemment pas à la hauteur de ses ambitieuses affirmations (prétentieuses même) mais qui pourrait l'en blâmer, pas moi en tout cas. Le disque "Midnight Sun" est certainement un peu trop surproduit (oui c'est plus qu'un peu trop produit ou juste surproduit) mais les compositions sont plutôt intelligentes et les arrangements, lorsqu'il ne noient pas l'ensemble, sont plutôt inventifs. Bref, du nougat un peu trop sucré pour les oreilles délicates mais qui passe pas si mal pour celles et ceux qui aiment les bonbons acidulés. L'ambiance générale de l'alboum est très néo-psychédélique, remercions ici à nouveau Tame Impala.
Thee Oh Sees revient pour la deuxième fois de suite dans ma sélection de chansons de l'année.
Pourtant, le 18 décembre 2013, à la fin d'un concert à San Francisco, John Dwye, le leader du groupe, annonçait qu'il s'agissait de leur dernière prestation avant un long moment. Mise en veille du groupe confirmée le lendemain par le manager... Mais un "long moment" pour les prolifiques Thee Oh Sees (8 alboums depuis 2008 sans parler des projets solo de John Dwye), c'est plutôt "un court moment" pour nous puisque "Drop" sort le 19 avril 2014 et, dans la foulée, le groupe part dans une nouvelle tournée mondiale (je les ai encore raté à Bordeaux, par flemme et/ou par fatigue, je ne sais plus trop bien). Ce nouvel alboum est à nouveau résolument psyché-punk et énervé. C'est toujours bon à prendre.
Chaque année une, deux, voire trois galettes pour Ty Segall, boulimique invétéré au visage de poupon encanaillé.
En 2014, un seul album au compteur, mais un double contenant pas moins de 17 chansons.
Contrairement à ses habitudes, l'animal, cette fois, a passé presque un mois entier sur la production. Et ça s'entend : "Manipulator" est bien la livraison la plus aboutie du chanteur californien. Il y déploie toute sa palette : du garage-rock-sixties façon Nuggets au folk énervé, en passant par le glam-rock à paillettes ou le stoner-rock psychédélique et violent. Mais point de réchauffé ou de vil copiage ici, la fraicheur et l'immédiateté prennent le dessus, comme souvent avec Ty Segall. Bref un condensé de talent. J'ajoute que le jeune californien joue de tous les instruments sur presque tous les morceaux.
Les oreilles les plus fines auront noté l'air de famille entre Ty et Thee Oh Sees. C'est normal, Ty Segall admire beaucoup John Dwye qu'il considère comme son mentor.
Derrière White Fence (barrière blanche en français) se cache un autre californien, Tim Presley qui était le chanteur du groupe Darker My Love. Sous ce nom (à la con, il faut bien le dire), il a déjà produit 6 alboums, le dernier étant celui qui nous intéresse aujourd'hui. C'est un ami de Ty Segall et il est signé sur le label monté par John Dwye de Thee Oh Sees. C'est sur la côte Ouest que ça s'passe en ce moment, j'vous dis ! C'est là qu'ont été parqués tous les types les plus prolifiques du moment.
"For the Recently Found Innocent" est produit par et chez Ty Segall qui y officie aussi parfois en tant que batteur. Ce n'est pas la première fois que ces deux-là travaillent ensemble, en 2012 ils avaient déjà pondu une galette en duo, "Hair". Tim Presley est un nostalgique du son des sixties. D'ailleurs, "Like That" fait beaucoup penser aux Who de "Sell Out" et d'autres titres de cet album rappellent tantôt Syd Barrett, tantôt Love, tantôt le 13th Floor et tantôt d'autres pépites Peebles. Ce n'est évidemment pas pour me déplaire.
The Wytches (avec un Y pour faciliter les recherches Google !) c'est un trio de jeunes gamins de Brighton. Comme leurs voisins Temples, ils sont signés chez Heavenly Recordings. Mais leur musique a plus de point commun avec les Cramps ou Eighties Matchbox B-Line Disaster. Pas de néo-psyché-pop à la Tame Impala par ici. On a plutôt droit à un néo-garage-rock basique, violent un peu grunge et surf. L'album a été enregistré en 2 jours sur un 8 pistes (le guitariste des Coral a participé à la production), du garage moderne quoi. C'est dans l'air du temps et ça me plait.
2014 fut un bon cru pour la musique que j'aime !